ORIGINE DU NOM DE BREUIL-LA-REORTE

L'origine du non du Breuil-la-Réorte provient de termes locaux parfois proche du latin et du vieux français. En vieux français, breuil, breuille, bruil désigne un jeune bois, un taillis qui en en basse latinité se dit brogilum, brogiolum ou brolium. La " riorte ",en patois charentais et en latin " rétorta ", définit le lien de bois tordu qui attache les fagots mais qui sert également à ligoter ou à entraver les animaux domestiques. Par extension, " rétorta " désigne une clôture faite de branches entrelacées qui empêchent les troupeaux collectifs du village d'aller paître sur les terres laissées en jachère pour un an. L'appellation de la commune indique donc qu'elle fut fondée par des éleveurs- agriculteurs.

PARTICULARITE DE LA COMMUNE

La commune de Breuil -la-Réorte, placée à l'extrémité nord-est du canton de Surgères à peu de distance de la route départementale de Surgères à Saint-Jean d'Angély, comprend huit villages et 5 hameaux dont le Petit Breuil, le Grand Breuil, Javernay et la Crignolée, village principal où se trouve l'école et la mairie de la commune. (Le site même  ne comprend que l'église et le cimetière). La moitié du domaine comprend des terres labourables; les vignes et les bois forment le reste du territoire.Le sol est montueux  et généralement de nature argileuse et calcaire.

Les principales cultures au XIXe siècle sont celles de la vigne ( principale activité économique de la commune), du froment , de l'orge, de l'avoine, du lin et des pommes de terre. Les productions laitières et céréalières ( blé, maïs...)  les ont progressivement remplacées et perdurent encore aujourd'hui.

Les habitants s'occupaient de l'extraction de la pierre propre à la fabrication de la chaux.

Les villages de La Crignolée et de Dissé possèdent encore leur ancien four banal, restauré et utilisé lors des fêtes .

 Le site de Breuil-la-Réorte : Eglise et cimetière

  SITE REMARQUABLE : L'église

Aujourd'hui paroissiale,l'église de la commune de Breuil-la-Réorte, lors de sa construction au XIVsiècle, faisait partie d'un ensemble prieural, dépendant de l'abbaye d'Ebreuil dans l'Allier.

L'histoire de l'église de la commune de Breuil-la-Réorte prend sa source à la fin du IXe siècle à Saint Maixent. A la suite de terribles invasions de Normands dans le Poitou, les moines bénédictins de Saint Maixent abandonnèrent leur monastère. Se réfugiant tout d'abord en Bretagne, ils s'installèrent en Auvergne, à Ebreuil, au début du Xe siècle. Le traité de paix de 912 permis à certains moines de retourner dans le Poitou. Mais la plupart restèrent sur place, et construisirent un monastère et une église.

L'arrivée des moines de Saint Maixent en Auvergne, développa l'imagination des contemporains qui créèrent des légendes autour de l'événement.Dans les plus anciens bréviaires de Clermont, cet épisode est retranscrit. Les Bénédictins de Saint Maixent, chassés de leur abbaye, arrivent à Ebreuil et demandent l'hospitalité au roi.Ce dernier la leur refusant, fut paralysé par sa méchanceté. Transporté près des saints Maixent et Léger, il guérit. Convaincu d'un miracle, il offre un hébergement aux moines ainsi que des dons. Les largesses du roi ont permis aux Bénédictins de construire l'église de Saint Léger dédiés à la " Très Sainte Vierge"et aux" bienheureux apôtres Pierre et Paul".

Dès le XIe siècle de nouvelles colonies bénédictines s'établissent dans toute l'Europe occidentale et des relations entre l'Auvergne et la Saintonge se nouent. De 890 à 918 l'Auvergne dépend de l'Aquitaine puis des poitevins. De 987 à 1137 la dynastie poitevine, reconnue par les Capétiens, règne sur l'Aquitaine, qui connait une brillante période. Ainsi  vers 1020, Guillaume, duc d'Aquitaine,pour renforcer ses relations avec l'Auvergne donna aux moines d'Ebreuil la terre du Breuil en Saintonge pour y bâtir un monastère de Saint Benoît. Le moine Aimery quitta donc les rives de la Sioule pour en prendre possession.

Avant la Révolution,deux documents,datant de 1743 et 1749, nous permettent de connaître l'identité du prêtre, curé de Breuil-la-Réorte: Baumier. Ces textes font partie du registre paroissial de Breuil, qui recense aussi les sépultures.L'abbé Baumier y relate les enterrements de deux seigneurs, en l'église de Breuil-la-Réorte, Jacques Roland de Saint Victor et Jean Gabriel de La Laurencie de l'Effort, seigneur, entre autre, de La Criniollée, ancienne orthographe de La Crignolée ( village principal de la commune où se trouvent les bâtiments administratifs). Un autre seigneur illustre de la commune , est M.Henri Jean-Jacques Calais de Favaut, qui fut maire de la commune (1816-1826) et dont le mausolée est encore visible au cimetière .

Dans le livre ses " Statistiques de la Charente Inférieure" de Gautier, daté de 1839, l'auteur parle d'une découverte en 1833, de caves souterraines d'une grande étendue sous la commune. L'ouverture principale se trouvait près de l'église et menait en pente douce jusqu'au sous-sol. Cette entrée , aujourd'hui totalement rebouchée, est invisible de l'extérieur. Dans les caves, ont été retrouvé de nombreux ossements d'animaux qui servirent de repas aux habitants de la commune se cachant sûrement pour être à l'abri des menaces externes.L'auteur suggère une utilité à ces souterrains principalement pendant les nombreuses guerres de religion subies par le pays.

 

Architecture

L'église est mentionnée, juste avant la découverte des peintures en 1956, par Charles Connové qui la décrit " isolée au sommet d'une colline, sans grand intérêt et d'ailleurs à peu près abandonnée". Il ne reste que les deux travées  d'une église gothique terminé par un chevet plat épaulé de contreforts droits. La bâtisse, de plan rectangulaire, est surmontée d'un campanile à une baie abritant une cloche. Il subsiste peu d'archives permettant d'en établir l'historique mais un document datant de 1653 d'une visite de l'archiprêtre de Surgères Noël de Champuis, délégué par l'évêque pour accomplir la visite de plusieurs paroisses, nous donne quelques renseignements. Il précise surtout que l'église devenue paroissiale appartenait à l'archiprêtré de Surgères mais il ne parle pas de l'environnement de l'édifice. Nous supposons juste qu'il était entouré d'un cimetière comme c'était souvent le cas et comme nous pouvons encore le voir aujourd'hui.

Sans faire mention de peintures, l'archiprêtre souligne tout de même le bon état général de l'église "bien couverte de tuiles" et des fonds baptismaux. Un autre document mentionne la façade refaite en 1767 et qui présente au - dessus d'une porte au cintre surbaissé une petite niche et deux fenêtres cintrées de grandeurs inégales. En 1874, la preuve est faite,  un peu tard, que les peintures sont déjà recouvertes depuis un moment puisque les ouvriers procèdent au blanchissage des murs intérieurs. Le document de 1653 permet en outre de penser que l'église était plus importante qu'aujourd'hui: l'archiprêtre en parlant d'un " grand autel " ou " maître autel" sous - entend qu'il en existait d'autres plus secondaires. Après la tempête de 1999 d'importants travaux sur le clocher ont été effectués .

          

façade : porte surmontée du campanile                         Chevet                                                           La cloche                                            Le cimetière

 

Les fresques

L'église de Breuil- La- Réorte, renferme un trésor:  de superbes fresques murales datant du XIV . C'est en 1954 qu'à l'occasion des travaux d'entretien exécutés par un artisan maçon,M. Raynaud, furent découvertes les fresques de Breuil réalisées par les moines du prieuré. M. Rayanud arrachant un retable du XVIIIe siècle, accroché à l'emplacement de la Cruxifiction fit apparaître quelques traces des peintures qui se trouvaient sous plusieurs couches de chaux.  Après cette découverte, les peintures furent judicieusement recouvertes à nouveau, en attendant une décision des Monuments Historiques. Elles furent mises au jour seulement en 1956, par M. François Jude.

Ces fresques, peintures exécutées à la détrempe sur lait de chaux teinté ( technique à sec, pigments jaunes, rouges, bruns-terre, bleu), représentent plusieurs scènes de la vie du Christ:

- L'Annonciation;

- La Visitation;

- La Nativité et L'Adoration des Rois Mages;

- La Crucifixion.

 

       
  

L'Annonciation et la Visitation                                                   Les Apôtres  Saint Paul et Saint Pierre                                                La Crucifixion

La Nativité (et l'annonce aux bergers)

L'Adoration des  Rois Mages

 

L'église, mais aussi le Clocher ainsi que les fresques sont classés au Monuments Historiques par arrêté du 21 juin 1958.